lundi 23 juillet 2007

Ka Ya Woto: Le jour où les chèvres se sont tues...

Mes très chères salutations mes amis,

Avant de commencer avec du neuf, j'aimerais apporter un petit correctif à mon billet précédent. Quand j'ai dit que Edith partait pour travailler après avoir accouché, elle partait en fait chez son employeur pour lui dire qu’elle avait accouché et pour demander congé. Je réalise que ça lui enlève un peu de mérite mais reste tout d même que le fait qu’elle soit aussi fonctionnelle reste assez épatant.

Pour ce qui est du placenta, il s’agit d’une cérémonie qui sert à relier le gens à l’endroit ou ils sont nés. Il y a longtemps, les mossis enteraient comme ça les placentas à l’endroit exact ou un enfant naissait pour qu’il se souvienne toujours de ses racines. Les personnes se voyaient donc beaucoup moins enclins à quitter leurs terres puisque une partie d’eux y restait. De la même façon, les placentas de nos ancêtres n’étaient jamais bien bien loin pour que ceux-ci puissent exercer leurs pouvoirs de protection à travers leur partie matérielle restée sur terre. On est encore vraiment loin du sandwich au placenta…

Ka Ya Woto… Vous vous demandez probablement qu’est-ce que cet intrigant titre peut bien vouloir dire. La traduction directe en français c’est « Ici, c’est comme ça » mais la signification est bien plus profonde. Tel le « Hakuna Matata » swahili, il se veut un mode de vie, une attitude face à la réalité. Essentiellement ça veut dire que les choses sont comme elles sont et ça ne donne rien de se plaindre à tout le monde de ces problèmes si ceux-ci ne peuvent rien y faire. J’ai tout de suite eu une petite pensée pour un peuple francophone d’Amérique du Nord qui se plait à chialer à qui le veut bien à propos des nids de poules, des piètres performances de leur équipe sportive favorite ou du trafic sur les ponts le matin. J’ai trouvé que le contraste était assez saisissant venant de gens qui ne sont jamais sur s’il y aura même à manger le lendemain. Je n’essaie pas de dire que nos problèmes sont obsolètes par rapport à ceux des gens d’ici mais plutôt que je trouve qu’on a tendance à se plaindre trop facilement pour rien.

On croit souvent que les fonds accordés pour l’aide international passent par de nombreux intermédiaires avant d’arriver aux bénéficiaires et que les fonds se trouvent alors trop dilués pour avoir de l’effet. Je dois avouer que j’ai été témoin d’exceptions à cette règle mais je vais plutôt partager avec vous un exemple qui corrobore parfaitement cet hypothèse. Vendredi dernier j’ai été invité au party de retraite de la numéro 2 du PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement) qui se déroulaient chez la numéro 1. JAMAIS de toute ma vie je n’ai été dans une maison aussi grande et luxueuse!!! Une immense cours en pavé uni avec une piscine de taille semi olympique protégée d’un grand mur de marbre surplombée d’une clôture barbelée électrifiée (pour donner des chocs au voleur qui se coinceraient dans les barbelés) entouraient un véritable château. La réception, qui devait accueillir une soixantaine de personnes, servaient, aux frais du PNUD, des petites bouchées de saumon fumé, des fines brochettes et une panoplie de pâtisseries tous plus excellentes les unes que les autres. Décidemment ça paye le développement…

Comme vous le savez tous, je suis réellement un gars de famille et d’amis. J’adore vraiment faire le plus possible de choses avec ceux que j’aime et qui m’apprécient et vous comprendrez que 2 mois et demi sans vous fréquentez à été très dur sur mon moral. Une chose qui me manquait vraiment pour être à l’aise ici c’est justement un bon ami avec qui je peux passer des bons moments et qui comprends mes angoisses de choc culturel. Au début de mon séjour ici, j’ai été quelques fois floués par des personnes avec qui je croyais pouvoir tisser des liens d’amitié mais qui s’avéraient finalement être des personnes qui ne voulaient que mon argent. Sans le vouloir vraiment, je me suis donc un peu plus renfermé aux inconnus jusqu’à temps que je rencontre mon nouvel ami Souleymane.

Il est propriétaire d’une boutique de linge pour femmes proche d’un resto où je mange souvent le midi. Son histoire en est une assez spéciale…Il y a 3 ans de cela, il a rencontré un journaliste correspondant québécois du nom de Michel et est rapidement devenu son ami. À son retour au Québec, Michel a présenté, par téléphone, une de ces amis Catherine à Souleymane. De fil en aiguille, Souleymane et Catherine sont devenus amoureux par correspondance et samedi, pour la première fois en presque 2 ans de «vie commune», ils se rencontraient. Catherine est débarquée pour la première fois au pays des hommes intègres au courant de la fin de semaine et je suis allé célébrer son arrivée chez Souleymane hier.

Depuis environ deux semaines, je vais chaque midi échanger avec Souleymane qui me comprends bien puisqu’il connaît assez bien la culture (et l’accent) québécois. En revenant de ma mission de trois semaines, je vais probablement aller faire un peu de tourisme avec eux dans le sud du pays.

Un billet de Rémi ne serait pas un billet de Rémi sans que je parle un peu de mes poules. Il s’avère que les poules que j’ai acheté à Fada sont des poules peuls (essayer de dire ça 10 fois rapidement, ça fait mal à la mâchoire….) puisqu’elles dorment dans les arbres. J’ai vraiment aucune idée comment elles font pour grimper ni qu’est-ce qui leur doit ce surnom parce que je ne les ai pas encore vu faire mais à chaque nuit, elles ont là, dans le même arbre, sur la même branche. Sinon mon autre poule survivante s’est mise à pondre au début de la semaine dernière et est maintenant rendue à 8 œufs (un chat en a mangé 2) et elle a commencé à couver hier. Normalement, si tout se passe bien, je devrais avoir des poussins d’ici 3 à 4 semaines, soit 3 à 10 jours avant mon départ. Je croise mes doigts. Sinon le coq a arrêté de chanter à des heures impossibles et de me réveiller pour rien. Je crois qu’il a senti qu’il avait avantage à se clouer le bec s’il ne voulait pas finir en numéro 2 chez St-Hubert. En passant ils appellent les fours qui font tourner les poulets sur le broche des téléviseurs à chien parce que les chiens s’assoient devant et regardent attentivement comme le feraient des humains devant une vraie télévision.

Puisqu'on est dans le sujet des animaux, je tiens à partage avec vous que ce matin, on a sacrifié une chèvre pour que mon séjour se passe bien. Je dois avouer que c'est vraiment différent de voir un gros animal comme ça mourir au bout de son sang devant soi. Sans vouloir rentrer dans les détails pour ceux qui ont le coeur sensible, Charles tenait la chèvre par les pattes pendant que André l'égorgait. Toute la fmille s'est ensuite joint à la partie pour arrange la viande pendatn que, les 6 autres chèvres de la cours regardaient, sans trop faire de bruit, de peur d'êtrela prochaine au menu...Pour ceux qui sont plus amoureux de détails pis de "gore", j'ai pris pas mal de photos vraiment sanglantes

Donc comme je l’avais mentionné précédemment, je pars en mission pour les trois prochaines semaines. La première semaine sera avec Madame Congo, ma coordonnatrice et sera dans les petites villes tandis que je passerai les deux suivantes seul dans un village. Cela risque fort de compromettre la régularité de me publications voir même de les rendre impossible puisque je doute fort qu’il y ai des villages avec une connexion Internet. Je ne sais donc pas quand sera mon prochain billet mais soyez sur que je vous ai tous dans mes pensées et vous remercie beaucoup de la quantité de commentaires que vous me laissez. Soyez assurez que ça me garde motivé. Je crois que d’ici samedi, je devrais rester dans les zones couvertes par le réseau cellulaire si vous voulez m’appeler mais après cela, c’est peu probable.

Merci encore de me lire et à la prochaine…

4 commentaires:

Unknown a dit...

Ah Rémi Rémi, t'es-tu demandé pourquoi tu as eu tant de palpitations frémissantes à filmer la petite chèvre agonisant pour tes belles fesses de gentil ingénieur engagé? Yep! Fais-le, fais-le...
Moi ¸ça me dégôute, gentil ingénieur engagé...

Anonyme a dit...

Salut Rem,
Merci pour les nouvelles vieux. J'ai une question pour toi. Comment ça va la job là-bas? Tu nous en parle pas beaucoup. Tu devrais nous parler des projets sur lesquels tu travaillent et des gens que tu aident quand tu auras le temps. Ça m'intéresserait beaucoup. Anyway, passes une bonne semaine et bonne chance avec les poules.
Ciao
Tony

Anonyme a dit...

Salut Rem
Je te souhaite bonne chance dans ta mission. Nous sommes avec toi en pensée...
Bisous
Juliexxxx

Anonyme a dit...

Salut Rém,
Si tu veux quand tu reviendras au québec on pourrait égorger mon chat, tu pourras me montrer la technique. je moccupe de le faire raser....
Et oui mon premier commentaire, ça promet! J'aime lire tes aventures tu nous rends bien la vie des gens de ton village.
Ici tout le monde est frus pcq la plage Drapeau est fermée... encore les sindicats en grêve. Maudis chialeux de Québ. Y a-t-il des syndicats chez vous?
En passant Marie veut pas manger Gus.
Profite bien de ton séjour.
Ah oui, j'ai déménagé et il y a une épicerie africaine à deux coins de rue.... petite bouffe en vue.
Sur ce au revoir
Ouedraogo Tenga?
Louis-G. et Marie-P
xxxx